Nous sommes en mai 2005, j’ai démissionné de mon travail après la saison d’impôt pour me reposer avant de commencer l’université en septembre prochain. Nous avons démarré la compagnie à Ian en mars dernier.
Je suis gravement malade. Du haut de mes 110 livres toute mouillée, j’en ai perdu une vingtaine, dont 12 durant le dernier mois seulement. Je suis entrain de mourir…
Je ne garde rien, je suis en diarrhée tout le temps. Mais lorsque le tout s’est transformé en sang… j’ai vraiment eu peur.
J’ai vraiment peur de mourir. D’un coup que c’est un cancer…
J’ai eu des grosses discutions au sommet : avec Dieu, ma fille et moi-même.
Je ne pouvais pas mourir, je ne devais pas mourir. J’ai trois belles filles bien vivantes sous mon toit qui ont besoin de moi. Je suis leur maman, la seule qu’elles ont.
Ce matin là il y avait encore de la place au sans rendez-vous et le docteur qui m’a prise en charge a fait son travail.
‘’ Écouter madame vous devez avoir des sérieux maux au ventre depuis longtemps ? ‘’
‘’…’’
Oui, effectivement j’avais atrocement mal au ventre, mais je ne m’écoutais pas. J’en avais plein les bras avec ma vie.
‘’ Je vais vous donnez des instructions précises sur ce que vous devez faire sans tarder, est-ce que vous allez le faire ? … si vous ne voulez pas je vous fais hospitaliser, parce que c’est ce que vous êtes présentement Madame, un cas d’hôpital ‘’
Une douche d’eau froide n’aurait pas fait mieux.
‘’ Merci la vie ’’
Ça me rend triste, je trouve ça totalement injuste, mais Sharly n’a pas besoin de moi où elle est. Même si c’est moi sa mère. Je suis certaine qu’elle préférait que je reste avec ses sœurs. Elles sont mes filles aussi et je ne peux pas les laissées. Ça l’a été difficile, mais le déclic s’est fait.
On m’a diagnostiqué une maladie de Crohn le 22 juin 2005 et j’ai commencé à me battre pour ma santé et ce faisant j’ai donc dû commencer finalement à dire oui à la vie, complètement. Pour de vrai, sans triche, sans masque… y croire à cette vie avec mon ange au ciel et ses trois sœurs bien vivantes sous mon toit.
Magalie, Élodie et Janie ont le droit d’avoir une mère digne de ce nom, une mère entière, ma famille a besoin de moi. Et surtout moi j’ai besoins de moi plus que tout.
Prendre une chance et goûter au bonheur, même si parfois il est éphémère. Parce que c’est ça la vie, des instants de purs joies, des instants d’horreurs, le bien, le mal… La Vie.