En septembre 2004, complètement au bout du rouleau des suites de la réno et du dernier bébé, nous décidons de partir dans le sud. Comme je suis incapable de me séparer trop longtemps de mes filles, on y va toute la famille. De toute façon, ça sera sûrement pas trop cher… on ne paie que pour Magalie, les deux autres sont trop jeunes. Ça va permettre à Ian de prendre des vacances et moi ça va me sortir du quotidien.
Nous sommes en septembre, c’est la saison des ouragans et cet été là ils ont fait presque 2 fois le tour de l’alphabet pour les nommés tellement il y en avait, une saison record. Notre agent de voyage, le père de Ian, aurait aimé refuser de nous le vendre. En fait, il a dit qu’il a rarement aussi peu souhaité vendre un voyage que celui-ci. Mais… nous avons beaucoup insisté avec une théorie vraiment convaincante que je vous explique.
Je dois vous confier que depuis le décès de Sharly je me demande sincèrement qu'est-ce qu'il peut y avoir de pire.... Ian et moi on s’est dit pour réserver ce voyage malgré le risque qu’au moins si ça arrive on va être tous ensembles. Je sais ce n’est pas génial de penser comme ça, mais la mort quand tu fais parti du lot ça ne te touche pas et nos familles et bien elles vont s’en remettre. Je ne peux pas croire que j’écris ça, c’est tellement égoïste, mais c’est malheureusement ce que nous pensions à cette époque.
Lorsque qu’on entend aux nouvelles qu’une famille au complet a péri dans un accident, j’envoie une petite pensée pour les proches de la famille et une petite envie de sourire se glisse en moi, car je me dis qu’au moins ils sont tous réunis et ensemble pour toujours, pas de vide à combler... depuis j’ai beaucoup changé, mais c’était mon état d’esprit à ce moment là.
De plus, ce voyage était une question de survie, il fallait partir. C'était essentiel pour nous. Les probabilités qu’un ouragan puisse nous toucher étaient trop abstraites pour nous raisonner. Nous avons quand même fait des choix prudent et surveiller la trajectoire de l'ouragan Ivan pour nous permettre de voyager en sûreté selon nous.
Donc on part 2 adultes, 3 enfants avec seulement 3 sièges d'avion pour nous tous. Super belle idée !!!
Finalement on arrive à destination et il fait beau, c'est merveilleux. On est tous ensembles, mes idées de séparation sont rendu loin pas mal.
Jour 3 du voyage, les travailleurs s’affairent à tout ranger sur le complexe et un communiqué est glissé sous la porte de notre chambre. Il y a la formation de « Jeanne » une tempête tropicale risquant de se transformer en ouragan de force 1 à l'endroit où nous sommes.... oh !!!
Jeanne a effectivement frappé en force 1 à notre hôtel durant la nuit et le déjeuner du jour 4. On nous avait tous rassemblés dans l'immeuble prévu à cet effet. Ce n’était pas beau à voir. J’ai eu peur, je tenais mes enfants près de moi dans ce grand immeuble en béton. Il y avait déjà pas mal de dégât sur le site, des portes et des toits arrachés, de l’eau partout. Lorsque tout c'est finalement calmé, la traînée de l'ouragan a resté sur nous durant 2 jours apportant des pluies diluviennes épouvantables. Inondant les chambres et les escaliers.
Ce ne fût vraiment pas une belle expérience, mais le voyage nous a fait du bien malgré tout. Longtemps Magalie a associé sud et pluie, mais… nous avions vu du soleil et nous avons eu une pause loin de la maison en bordel, loin du travail, loin du vide, loin de tout.
Ian s’est blessé sérieusement à la rotule du genou dans l’escalier là-bas et il en a eu pour presque 2 mois arrêter de travaillé à notre retour. Ça aussi ce fût positif pour nous. Nous avons pu souffler un peu et apprendre à vivre en grande famille.