En commençant ce livre, je vous ai dit que j'étais morte le 8 novembre 1998. J'imagine que vous avez pensé que c'était ma fille qui parlait au début. Mais non c'était bel et bien moi. C'est certain que ma fille est décédée, mais tout ce qui me définissait comme personne est mort au même moment.
R.I.P. Geneviève Fournier 1977-1998
La société nous définie par ce que l'on fait.
J'étais une maman, une femme, une conjointe, une étudiante, une croyante en la vie. Et tout d'un coup je n'étais plus rien....
Ma confiance en la vie...
" Pfft !!! " Pour ce que ça donne.
" Non merci ! "
Pour revivre, je dois renaître dans chacune des sphères de ma vie. Je ne veux pas revivre c'est contre nature, mais je dois le faire. La vie m’y oblige. J'ai déjà recommencé à renaître partiellement comme étudiante. Même si j'ai changé mon domaine d'étude, cette partie de moi a ressuscité en premier. C'était plus facile et divertissant, le travail et les études. Pas trop engageant, surtout en comptabilité. Et ça me sortait de ma vie, de ma peine, des proches et des questions.
J'ai poursuivi ma renaissance, toujours partiellement, comme femme et conjointe avec notre condo et avec le projet de mariage. Là j'avais le bonheur et la chance d'être excessivement jeune avec mes 22 ans. Dans le fonds, je n’avais jamais vécu de vie de femme adulte. À 19 ans j'étais en appartement seule avec mon enfant. Je me suis amusé comme femme, c'était simple je pouvais rester triste pareil sans que ça paraisse. J'ai retrouvé aussi l'amoureuse et la conjointe, parce que j'avais la bénédiction de Sharly. J’étais avec son Ian.
Aujourd’hui, je suis maintenant une travailleuse professionnelle, une femme mariée, j'ai une maison, une voiture et un bout de terrain dans un cimetière. Qu'est-ce que je fais de ma vie. Le mariage et la maison c'est pour avoir des enfants.
J'ai mal, j'ai peur, il y a une identité au fond de moi qui souffre et qui veut dire haut et fort qu'elle existe.
" Pas questions, j'ai eu une fille et je ne la remplacerait pas ! "