... petite coupure désolée, je renvoi au chapitre précédent dans lequel je parle de la colère de l'entourage de Ian face à l'accident ...
Curieusement les personnes les plus proches de Sharly, comme les membres de ma famille, mes amis proches et moi-même n’avons pas eu ce genre de réaction face à Ian. Le deuil était plus important. Il n'y a pas eu de place pour la rancune. De toute façon est-ce que la colère nous aurait enlevé notre peine ou ramener notre soleil. Ian n'a été que le conducteur de la voiture. Il n'a pas voulu sa mort, il ne l’a pas tuée.
Mon père, selon moi, a été pour beaucoup dans cette acceptation et cette déculpabilisation de Ian pour ma famille et moi, car il a vu de ses yeux la voiture, il a discuté avec le policier enquêteur et il a toujours été d’avis que Sharly n’avait aucune chance peu importe les erreurs que nous avons commises. Il n’y avait pas d’endroit plus fatal pour avoir un accident. 5 pieds plus avant ou plus après LE lieu de la sorti de route et c’est un tout autre scénario qui ce serait produit. L’impact à cet endroit précis du garde-fou a fait toute la différence, car l’arrière a été fouetté sur la chaussé, ce qui l’a éjectée et écrasée. C'était son rendez-vous avec le "miracle" de la mort...
Si nous disons qu’Ian s’est endormi, ça n’a sûrement pas durée longtemps, le temps de cligner des yeux un 30 secondes d’absence et voilà la route tournait à cet endroit précis. Ma tante m’a dit qu’il venait tout juste de la dépassé sur la route, il était certainement réveillé à ce moment. Il m’est moi-même arrivé de cligner des yeux un peu trop longtemps sur la route lorsque j’étais plus fatigué ou lors d’un long trajet, mais je n’ai jamais eu d’accident. Ai-je été chanceuse et Sharly non. Je ne crois pas. Presque a tout les jours il y a des miraculés de la vie qui sortent indemne d’un accident impossible, qui survive à un cancer fatal ou qui reçoivent les bons soins au bon moment. Il ne peut pas y avoir dans la vie des miraculés sans qu’il y est l’envers de cette médaille, des "miraculés" de la mort. Moi je crois que Sharly devait mourir, je ne sais pas pourquoi, mais qu’on ait fait n’importe quoi ce qui devait arriver est arrivé et devait arriver. Sharly était un vrai rayon de soleil, un vrai petit ange, elle a probablement vécu ce qu’elle devait vivre en si peu de temps. Aujourd'hui je suis heureuse qu'elle soit venue dans ma vie, même si ce fut de courte durée.
Je vais vous raconter une petite histoire dans la même veine des miracles de la vie. J ’avais dix ans et j’étais malade depuis deux semaines à vomir tout ce que je mangeais avec des sérieuses crampes au ventre. Nous étions en 1987.
Ma mère, une infirmière aux urgences de l’Hôpital Le Gardeur m’a fait voir des médecins, aucun n’a trouvé d’autre diagnostique que la simple gastro. Ma mère a demandé et redemandé qu’on me face des analyses plus poussées et elle a finalement réussit à obtenir des examens plus sérieux. En cette journée de petit miracle pour moi ma mère est au travail et attends les résultats, elle est impatiente et inquiète. Moi je vais plus tôt bien ce petit matin là et ma sœur qui me garde doit aller porté son copain à sa partie de baseball. Elle décide finalement d’assister à la partie, avec mon accord puisque je vais un peu mieux. Ma mère reçoit les résultats, je dois me faire opérer d’urgence pour une appendicectomie. Elle tente désespérément de me rejoindre sans aucun succès… Je ne suis pas à la maison et les cellulaires n’existaient pas à cette époque. On meurt d’une appendicectomie sans opération, c'est comme un sac d'infection dans le tube digestif qui éclate et se répand dans tout le corps.
À la partie de baseball tout ce déroule bien pour moi. Puis à je ne sais plus qu’elle manche. Le frappeur frappe la balle directement sur le pouce du lanceur. Le lanceur se retrouve avec l’os du pouce sorti de son doigt… Pas jolie à voir et sûrement très souffrant. C'est grave, mais personne ne veut arrêter la partie. Ma sœur se propose donc pour le reconduire à l’urgence. Bref, nous attendions avec ce gars dans le corridor de l’urgence, lorsque ma mère me voit. Ni une ni deux je me retrouve au bloc opératoire pour mon opération.
Les médecins ont enlevé mon appendicite et ils l’ont déposé sur un plateau pour biopsie. L’infirmière a pris le plateau et l’a déplacé, mais il ne s’est jamais rendu à destination mon appendice a éclaté après avoir été sortie de mon ventre. Je ne sais trop ce que vous connaissez de ce problème mais lorsque pris à temps, c’est assez simple comme opération, mais lorsque ce petit sac éclate, il fait des ravages dans l’abdomen et est bien souvent mortel. Moi je ne devais pas avoir ces complications et le miracle de la vie c’est produit pour moi.
Est-ce à cause que je devais absolument me faire opérer que ce joueur s’est blessé… Est-ce à cause que Sharly devait prendre cette longue route avec Ian que le couple d’amis chez qui Ian avait prévu aller au départ n’était pas là. Ce couple habitait à 10 minutes de la maison, mais il n’était pas là… Ian a téléphoné à sa mère qui habitait à Trois-Rivières qui était heureuse de l’accueillir pour dîner. Qu’est-ce qui est la cause, qu’est-ce qui est l’effet ? Aurais-je pu changer quelque chose ?
Malgré tout comment ne pas se sentir responsable, si on change un des si... est-ce qu'aujourd'hui elle serait vivante.