Pages

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Mon rayon de soleil, Sharly, est décédé le 8 novembre 1998. Aujourd'hui, je suis une survivante et je me suis reconstruite tranquillement avec le temps. Je souhaite vous partager cette route rempli de larmes et de bonheur. Bonne lecture

Extrait d'un chapitre: "Le Condo"

Nous avions donc résilié notre bail à Anjou et emménager temporairement chez mes parents pour 2 mois. Le temps de se trouver un appartement. C'est à Charlemagne que nous avons trouvé un toit où nous loger dans un joli condo moderne et modeste. Un grand 4 1/2 que nous nous sommes amusés à décorer. Nous y avons demeuré un peu plus d'un an. Et nous y avons reçu les amis et la famille assez régulièrement. Malgré la tristesse ce fut une belle année pour nous deux, j'étais à 5 minutes du cimetière et je devais m'y rendre 2 à 3 fois par semaine, les journées de grand-soleil.

Nous avions aménagé la 2e chambre en bureau et en chambre d'invité. Nous avons acheté un lit tiroir pour le glisser sous le lit de Sharly pour recevoir les amis à coucher. Et c'est dans ce lit, un certain après-midi, que nous avons concocté notre premier projet commun d’après décès.

Voyez-vous au moment de son décès Ian et moi étions le couple le plus heureux et unis que je connaisse. Nous venions de traverser une crise en juin et depuis c'était le bonheur, le parfait bonheur. Pour moi, Sharly devait nous quitter, c'était une fatalité inévitable et sans savoir pourquoi j'ai osé croire qu'elle a attendu que notre couple soit fort comme du roc pour que nous restions unis malgré la tragédie. Sharly nous a unis Ian et moi, et c'est pour la vie. J'y crois dure comme fer, c'est une vérité encrée dans mon cœur que je ne peux nier.

Toujours est-il que nous sommes dans l'ancien lit de Sharly à notre condo et nous commençons à discuter de cette vérité, le fait que nous étions toujours ensemble et que nous nous aimions... et j'ai demandé à Ian de m'épouser. Je voulais célébrer notre amour. Malgré toute ma tristesse, mon refus de la vie, mon refus du bonheur, pour ça je pouvais me donner le droit. Après tout c'était le souhait de Sharly de nous voir ensemble, selon mes vérités évidemment.

De plus, je me suis dit que rien ne nous empêchait de reprendre le fil de notre histoire comme normalement nous aurions dû le faire et ainsi le mariage allait de soi. Je crois en cette institution. Je crois que j'avais envie de faire les choses dans l'ordre... c'est comme si en me mariant, en achetant une maison, je pourrais peut-être avoir d'autres enfants qui vivraient vieux, sans en vouloir d'autres pour autant je tiens à vous le préciser. Mais au fond de moi je cherchais l'erreur, la faute que j'ai pu avoir commise pour mériter sa perte. C'est atroce ce que je viens de vous révéler, mais n'empêche que c'est vrai. Je cherchais une explication, la faille qui a créé la série de coïncidence qui a entraîné sa mort et la mienne ce 8 novembre 1998.

Était-ce parce que je suis tombée enceinte à 18 ans d'un amoureux que je commençais à peine à fréquenter.

Était-ce parce que Sharly n'était pas prévue, même si son arrivée surprise m'a remplie de bonheur dès le début.

Était-ce parce que je travaillais à quelques sous de plus que le salaire minimum, que je demeurais encore chez mes parents et que je n'avais pas fini mon secondaire.

Était-ce parce que le père n'avait pas de job stable...

Était-ce parce que ce n’était pas les conditions idéales pour avoir un enfant.

Ou encore était-ce parce que lorsque Sharly a eu 5 mois je me suis séparée du père.

Mais si, après 2 ans de vie commune, on souhaitait se marier.

Mais si, après 2 ans de vie commune, on souhaitait avoir une maison.

Mais si, avec une vraie formation, j'aurais un vrai travail et que je planifiais avec mon conjoint d'avoir des enfants.

Mais si, je fais pour une fois les choses dans le bon ordre, j'aurais peut-être droit au bonheur...

Mais si, il y avait encore de l'espoir bien caché au fond de moi, au fond de toute cette peine...

Mais si, je croyais encore en la vie, la belle vie...

J’aurais aimé trouvé le problème. Il me semble qu’avec un coupable, un responsable ça aurait été tellement mieux. En mettant le doigt dessus comme ça j’aurais pu pour trouver la solution. Et éviter de revivre ce drame.

Je n’en avais aucune conscience, mais c'était là. La mèche était courte on voyait à peine la flamme, mais c'était là. Je voulais croire qu’il était possible que tout ne parte pas en fumée encore…. En m’arrachant le cœur.

Messages les plus consultés