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Mon rayon de soleil, Sharly, est décédé le 8 novembre 1998. Aujourd'hui, je suis une survivante et je me suis reconstruite tranquillement avec le temps. Je souhaite vous partager cette route rempli de larmes et de bonheur. Bonne lecture

Extrait d'un chapitre: "Noël"

C’est le 3e Noël sans Sharly et pour la 1re fois nous restons ici pour Magalie. Pas de soleil cette année, un rendez-vous avec nos familles.

J’ai eu peur de lui acheter des cadeaux…

Encore la peur du mauvais sort. Une chance que c’est une tannante ma Magalie. Ils ne finiront pas dans une boîte les siens.

Je m’accroche à cet espoir.

Nous avons fait le sapin. Pour m’aider j’ai choisi une décoration que j’avais en double, un bonhomme de neige, et j’en ai mis un dans le sapin et l’autre je l’ai apporté au cimetière pour Sharly.

C’était correcte le Noël avec la petite. J’ai réussit à respirer sans douleur et même à m’amuser.

Noël c’est pour les enfants de toute façon, sans eux… c’est vraiment…

Avec Magalie nous avons passé un joyeux Noël en famille.

En famille… j’ai une famille à moi.

Extrait d'un chapitre: "Amour"

(Nous sommes en novembre 2005)

Ça fait maintenant 7 ans que ma fille est décédée. 5 ans que je suis mariée. J’ai 3 belles filles. J’ai perdu ma santé. Je n’ai plus d’étincelle dans mes yeux. Je veux me battre, je veux vivre, mais… mon couple me lâche.

J’ai décidé d’aller consulté. C’est la venue du mois de novembre avec ses journées trop courtes et trop grises, le choc de la maladie, l’Halloween, l’anniversaire de décès… c’est comme si je n’ai plus de force. D’être toujours confronté au vide, aux années qui passent, c’est trop difficile…

Une idée est venue, et elle n’était pas de moi mais je ne peux vous dire d'où elle vient parce que je n'en ai pas la moindre idée... J’ai demandé à Ian de m’accompagner. Ian n’est pas très fort sur les psychologues, mais j’ai pris une chance et il a dit oui.

Je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre, en fait je n’ai aucune attente. Je crois que s’il aurait refusé… j’aurais, avec l’aide du psy, pris les forces pour me séparer. Comme il a dit oui c'est l'inconnu qui nous attend.

Ian s’est impliqué dans la démarche. On s’est parlé, mais surtout écouté pour de vrai. Et on s’est compris. On a réglé des niaiseries accumulées depuis des années et ca l’a fait vraiment du bien.

Aux fêtes de Noël, nous avons resté à la maison en famille, nous 5 seulement. Et, il s’est produit quelque chose de vraiment merveilleux. J’ai revu le garçon qui m’avait fait tripper un soir de Noël 1995 et qui m’a fait penser que c’était vraiment un type pour moi. Je suis retombée en amour avec mon mari, le père de mes trois filles, le Ian de Sharly. Complètement en amour et le plus magique c'est que lui aussi.

Extrait d'un chapitre: "Médicament"

Je dois suivre une diète très stricte… Tous mes petits vices doivent être abandonnés. Plus de café, de sucre, de liqueur, de bière… de vin. Plus rien de rien !!!

Mais ce n’est pas grave, je dois guérir. Je vais tout faire ce que je dois faire. Quoi qu’il m’en coûte. Se privé ce n’est rien. Je dois choisir entre être malade ou en forme mais au régime. Je choisi le régime. De toute façon je me prive bien de ma fille depuis une éternité déjà. Qu’y a-t-il de pire après ça.

En septembre le docteur me propose un nouveau médicament pour m’aider… un immunosuppresseur.

Un médicament contre le cancer !

‘’ NON !!! ’’

Je ne peux pas en être rendu là. Mon Dieu, je dois retrouver la santé, je dois guérir.

‘’ Pourquoi ça m’arrive !!! ’’

Ce fût tellement un choc pour moi que je me suis mis à perdre mes cheveux. À grande poignée mes cheveux tombent… Je commence à voir des éclaircies…

Je ne veux plus prendre ce médicament. J’ai téléphoné la compagnie pharmaceutique et imaginez vous que je suis la deuxième personne à prendre ce médicament qui perd ses cheveux. C’était un cas isolé, ça ne fait même pas parti des effets secondaires. Ils m’ont téléphoné à tous les mois par la suite pour vérifier ce symptôme… ah ce qu’on peut faire pour éviter des poursuites ;)

Mon gastro-entérologue ma prescrit autre chose et ce fût le début d’une longue marche sur la voie de la rémission. Je sais ce n’est sûrement pas le bon mot, je m’excuse auprès des personnes touchées de près ou non par le cancer. Mais si j’ose employer se terme c’est parce que je ne guérirais jamais complètement de cette maladie, jamais. Elle va toujours être là en moi. Je vais avoir des périodes de paix où ma vie devrait allée relativement mieux et je dois m’attendre à des périodes de crises parce qu’elles sont inévitables. Et les crises peuvent être très dommageables.

Le pire de toute ma vie ce fût la perte de ma fille. Les enfants, nos enfants, ça n’a pas de prix. Mais je dois vous avouer que de perdre ma santé, c’est quelque chose de pénible également, je dois dire que ça arrive deuxième après le décès de Sharly, mais l’écart entre les deux est mince.

Que c’est dur de le reconnaître, mon cœur de maman souffre de cette constatation. Il aurait aimé mieux mourir que de perdre sa fille… alors reconnaître qu’il y a des choses qui lui font aussi mal c’est une pilule dure à avaler.

Je veux toute faire pour retrouver la santé. Je sais que je peux me rétablir… il y a de l’espoir. Et c’est pour ça que c’est 2e dans l’ordre des tragédies. Avec l’espoir on peut tout faire.

Ma fille est morte, ça fait mal, elle me manque. Je refuse encore sa mort, mais je dois vivre pour de vrai parce qu’un corps j’en ai rien qu’un et je dois le soigner à tout prix.

Extrait d'un chapitre: "Au pied du mur"

Nous sommes en mai 2005, j’ai démissionné de mon travail après la saison d’impôt pour me reposer avant de commencer l’université en septembre prochain. Nous avons démarré la compagnie à Ian en mars dernier.

Je suis gravement malade. Du haut de mes 110 livres toute mouillée, j’en ai perdu une vingtaine, dont 12 durant le dernier mois seulement. Je suis entrain de mourir…

Je ne garde rien, je suis en diarrhée tout le temps. Mais lorsque le tout s’est transformé en sang… j’ai vraiment eu peur.

J’ai vraiment peur de mourir. D’un coup que c’est un cancer…

J’ai eu des grosses discutions au sommet : avec Dieu, ma fille et moi-même.

Je ne pouvais pas mourir, je ne devais pas mourir. J’ai trois belles filles bien vivantes sous mon toit qui ont besoin de moi. Je suis leur maman, la seule qu’elles ont.

Ce matin là il y avait encore de la place au sans rendez-vous et le docteur qui m’a prise en charge a fait son travail.

‘’ Écouter madame vous devez avoir des sérieux maux au ventre depuis longtemps ? ‘’

‘’…’’

Oui, effectivement j’avais atrocement mal au ventre, mais je ne m’écoutais pas. J’en avais plein les bras avec ma vie.

‘’ Je vais vous donnez des instructions précises sur ce que vous devez faire sans tarder, est-ce que vous allez le faire ? … si vous ne voulez pas je vous fais hospitaliser, parce que c’est ce que vous êtes présentement Madame, un cas d’hôpital ‘’

Une douche d’eau froide n’aurait pas fait mieux.

‘’ Merci la vie ’’

Ça me rend triste, je trouve ça totalement injuste, mais Sharly n’a pas besoin de moi où elle est. Même si c’est moi sa mère. Je suis certaine qu’elle préférait que je reste avec ses sœurs. Elles sont mes filles aussi et je ne peux pas les laissées. Ça l’a été difficile, mais le déclic s’est fait.

On m’a diagnostiqué une maladie de Crohn le 22 juin 2005 et j’ai commencé à me battre pour ma santé et ce faisant j’ai donc dû commencer finalement à dire oui à la vie, complètement. Pour de vrai, sans triche, sans masque… y croire à cette vie avec mon ange au ciel et ses trois sœurs bien vivantes sous mon toit.

Magalie, Élodie et Janie ont le droit d’avoir une mère digne de ce nom, une mère entière, ma famille a besoin de moi. Et surtout moi j’ai besoins de moi plus que tout.

Prendre une chance et goûter au bonheur, même si parfois il est éphémère. Parce que c’est ça la vie, des instants de purs joies, des instants d’horreurs, le bien, le mal… La Vie.


Extrait d'un chapitre: "Plan B"

Mon plan était simple… au départ je voulais plus que tout avoir des enfants. Je suis tombée enceinte à 18 ans. Puis j’ai voulu une vraie famille avec un père impliqué. J’ai rencontré Ian. J’ai même eu espoir qu’Ian adopte Sharly étant donné que le père biologique ne s’en souciait pas. La vie a décidé autre chose pour moi.

Inconsciemment, j’ai fait un deuxième plan, un conventionnel super classique parce que le 1er était un peu trop spécial et qu’il n’a pas marché. Je voulais avoir un bon travail, une maison, me mariée et avoir des enfants.

Mon plan B est terminé. Qu’est-ce que je fais maintenant ?

Et surtout que j’ai décidé il y a bientôt 1 an que je me séparais…

Ma maison n’est pas finie, mais sûrement vendable. Mon bébé est né et sevré, elle commence la garderie bientôt. Je dois faire quelque chose. On s’était dit que peut-être ça ne valait pas la peine que je retourne travailler avec les 3 enfants et tout, mais j’étouffe à la maison.

Je n’arriverais jamais à payer la maison tout seule…

En février, je retourne travailler, peut-être me mettre des sous de côté, voir comment je m’organise avec la marmaille. Peut-être que je pourrais aller à l’université pour avoir de l’avancement.

C’est difficile au travail, j’ai la langue à terre. Je suis verte. J’ai bien de la misère à digérer aussi… qu’est-ce qui ne va pas ?

Je prends souvent, même trop souvent, plus d’un verre le soir pour endurer ma vie, pour me donner un peu de sourire, un peu d’étincelle au fond des yeux…

Le temps avance et je trouve que l’université c’est une bonne idée, je fonce là dedans. Je vais sûrement avoir un meilleur salaire avec un Bac.

Je crois que je vais prendre l’été de congé avant de commencer en septembre.

Mon chum veut se partir sa propre compagnie…

Je crois que je vais quitter mon travail plutôt que prévu, après les impôts. Parce que vraiment je suis fatiguée, ma digestion ne s’améliore pas. Avec l’entreprise on va sûrement réussir joindre les deux bouts sans mon salaire.

Extrait d'un chapitre: "Couple"

Je ne vais pas bien, l’anniversaire de décès et novembre me dépriment. Tout ce temps qui passe, toute cette mascarade de la vie et j’ai toujours mal. Je n’ai plus rien pour m’évader, plus de grossesse, plus d’allaitement, ma famille est finie, il ne reste qu’à vivre la vie et à regarder les enfants grandir.

Mon chum me tape sur les nerfs. Il est un peu moins stressant depuis qu’il a été en congé forcé, mais je me dis que nous deux ça ne marche plus. Je crois qu’Ian a de la difficulté à gérer la vie de grosse famille. Peut-être que c’est moi la coupable aussi, je ne suis plus la même… les enfants me font sourire, je m’amuse, mais mes yeux ne brillent pas et je bois. Mon étincelle est sûrement encore allumée, mais je ne vois pas la flamme, elle est fatiguée. 

En perdant ma fille, j’ai rejeté la maman en moi, j’ai rejeté mes désirs de famille, j’ai rejeté la vie… Puis j’ai eu le goût de me marier. Je croyais que Sharly nous avait unis pour toujours Ian et moi, que c’était son souhait que nous demeurions ensemble. J’avais envie d’y croire moi aussi à cet amour.

En fait notre couple ce remettait relativement bien de la perte de Sharly, nous étions relativement heureux comme couple ou au moins sur la bonne voie. Je crois que c’était le but du mariage de célébrer cet amour qui a survécu au pire. La petite fille en moi y croyait plus que tout.

Il y a eu l’épisode des mains trop longue à Ian et… comment dire j’ai passé par-dessus en me disant qu’il n’était qu’un simple homme et qu’encore une fois, j’avais des valeurs et des idéaux trop grands pour la vie. Notre couple s’est rafistolé assez bien et surtout parce que j’ai eu le goût d’avoir d’autres enfants. Le besoin de vivre la vie devait être trop fort.

Nous avons donc, avec l’aide de mère nature, fait des enfants à répétition… c’est simple durant ces 4 années de mariage j’étais enceinte ou j’allaitais. Je crois que l’espace entre l’allaitement et une nouvelle grossesse a duré au maximum 1 ou 2 mois tout au plus à chaque fois. Comme si je fuyais ma peine, ma souffrance, mon vide en compulsant maternité. Il me semble que je cours depuis le mariage…

Je suis en combat contre moi-même. Je voulais me marier avoir des enfants, vivre la vie comme elle se devait de l’être, mais en même temps je trouve ça contre nature de vivre sans ma fille. Mon mal de vivre perdure… Je ne veux pas me séparer, mais on dirait que c’est inévitable. J’aime mon chum, j’aime mon couple et j’aime notre famille. Un combat toujours un combat, j’ai mal, j’ai de la peine, je suis détruite…

‘’ Où suis-je rendu ? ’’

Les étapes

Dans le deuil il y a plusieurs étapes selon les psychologues, les thérapeutes et les autres professionnels qui si vous creusez un peu, veulent soit toutes dire la même chose avec des noms différents ou bien sont totalement contradictoires. Je ne veux pas réinventer la roue, ni vous dire que je détiens la vérité, mais je vous partage simplement mon histoire.

Ma raison et mes croyances personnelles ont été ébranlées voir même détruites avec le décès de ma fille et pour continuer à vivre j'ai dû les rebâtir une à une ou en créer de nouvelles lorsqu'elles étaient erronées.

J'ai passé par une phase de choc, de déni, de colère, d'acceptation, de peine, .... ce sont les phases connus que tous traversent à leur façon et qui sont socialement acceptées par tous, durant lesquels les gens de notre entourage nous supportent et nous aide. C'est les premières étapes qu'on vit sans la personne, le 1er noël, sa fête, notre fête, les vacances, etc. Toutes ces occasions où nous nous sommes fait un rêve idéal, un concept de la réalité tel qu'elle devrait être et qui se retrouve à des lieues de ce qui nous arrive.

La dernière phase moins connu est celle de la reconstruction de soi. Elle est bien plus longue, elle dure des années, voir toute la vie, et bien souvent on la traverse tout seul. Ça se passe à l'intérieur de nous. Je sais que dans mon cas ce fût un long processus, plusieurs étapes à franchir. Je crois même qu'elle est réservée au deuil de personnes plus symboliques pour nous, des personnes chez qui nous avions placées beaucoup d'espoir et d'attentes. Des deuils où l'acceptation est vraiment difficile, où il y a un non sens en nous, un blocage. Ce type de deuil nécessitera des leçons de vie pour le traverser. Comme je vous dis c'est mon opinion et mon vécu, vous vous en faites ce que vous voulez.

Dans mon livre je suis rendu à publier la 6e et 7e année après le décès. Une étape que je qualifirais de cruciale pour moi, l'étape du choix. La vie va m'amener à LA choisir dans son entier.

À cette époque je plafonne à l'intérieur de moi. Je me suis reconstruite une vie sans elle, mais mon coeur lutte de toute ses forces contre ça. Mon idéal de maternité ne peut pas concevoir la vie et le bonheur après avoir enterrer ma fille, c'est inaceptable. J'ai envie de tout saboter, mon couple, la job, tout. Je me cherche dans l'alcool et je dois me reprendre en main.

Ainsi au travers des prochains chapitres vous aller en être témoin, et il ne faut pas penser que je me suis apitoyée sur mon sort, que j'ai resté là à pleurer et rien faire. Non, je suis une battante, une fonceuse et j'aime l'action. Le deuil a fait parti de ma vie, mais ma vie n'est pas que le deuil. C'est évidemment dans cette perspective que je vous raconte mon histoire, mais voyez plus large que ces tranches de vie. Aujourd'hui je suis en vie, mes yeux brillent, je ne suis plus dans le vide et je souris à la vie à chaque seconde. Ça n'a pas été facile, mais je l'ai fait. Aujourd'hui je rayonne, j'aime toutes mes filles plus que tout, j'adore mon amour et je suis dans la gratitude de tout ce que j'ai traversé et c'est cette image que j'aimerais que vous gardiez en tête lors de la lecture des prochains chapitres parce qu'ils sont bien personnel.

Je parle des chapitres à venir tel que:
Le choix
Couple
Plan B
Au pied du mur
et tous les autres jusqu'à Renaissance


Je vous souhaite une bonne lecture et merci

Ge
xxx

Extrait d'un chapitre: "Le choix"

J’ai enterré ma fille il y a maintenant 6 ans. J’ai enterré ma fille. MA FILLE !!!

Je crois encore que ma place c’est au près d’elle. Je sais, j’ai fait 3 autres belles filles que j’aime. Je suis mariée, j’ai une belle maison…

Mais j’ai encore mal… ma fille me manque.

Je suis détruite par en dedans, j’ai juste mis une bonne couche de peinture sur une maison en ruine… décoré un petit peu pour que rien n’y paraisse.

J’ai presque tout pour être heureuse, mais…

De quel droit dois-je goûter au bonheur ?

J’ai enterré ma fille !!!

Je n’en veux pas du bonheur, je l’ai connu avant…

Le bonheur ça fini par faire mal. Trop mal.

J’ai peur…

Je n’en veux pas de cette vie. Je veux ma fille. Pourquoi elle n’est plus là ?

Je ne sais pas pourquoi elle n’est plus là.

Ce que je sais et que je crois c’est que si je continue à ne pas faire le choix de cette vie peut-être qu’on ne me l’enlèvera pas…

C’est ça le problème, j’ai peur de tout perdre encore…

Comme ci de rejeter tout ca au fond de moi ca allait m’éviter d’avoir mal…

Extrait d'un chapitre: "Jeanne"

En septembre 2004, complètement au bout du rouleau des suites de la réno et du dernier bébé, nous décidons de partir dans le sud. Comme je suis incapable de me séparer trop longtemps de mes filles, on y va toute la famille. De toute façon, ça sera sûrement pas trop cher… on ne paie que pour Magalie, les deux autres sont trop jeunes. Ça va permettre à Ian de prendre des vacances et moi ça va me sortir du quotidien.

Nous sommes en septembre, c’est la saison des ouragans et cet été là ils ont fait presque 2 fois le tour de l’alphabet pour les nommés tellement il y en avait, une saison record. Notre agent de voyage, le père de Ian, aurait aimé refuser de nous le vendre. En fait, il a dit qu’il a rarement aussi peu souhaité vendre un voyage que celui-ci. Mais… nous avons beaucoup insisté avec une théorie vraiment convaincante que je vous explique.

Je dois vous confier que depuis le décès de Sharly je me demande sincèrement qu'est-ce qu'il peut y avoir de pire.... Ian et moi on s’est dit pour réserver ce voyage malgré le risque qu’au moins si ça arrive on va être tous ensembles. Je sais ce n’est pas génial de penser comme ça, mais la mort quand tu fais parti du lot ça ne te touche pas et nos familles et bien elles vont s’en remettre. Je ne peux pas croire que j’écris ça, c’est tellement égoïste, mais c’est malheureusement ce que nous pensions à cette époque.

Lorsque qu’on entend aux nouvelles qu’une famille au complet a péri dans un accident, j’envoie une petite pensée pour les proches de la famille et une petite envie de sourire se glisse en moi, car je me dis qu’au moins ils sont tous réunis et ensemble pour toujours, pas de vide à combler... depuis j’ai beaucoup changé, mais c’était mon état d’esprit à ce moment là.

De plus, ce voyage était une question de survie, il fallait partir. C'était essentiel pour nous. Les probabilités qu’un ouragan puisse nous toucher étaient trop abstraites pour nous raisonner. Nous avons quand même fait des choix prudent et surveiller la trajectoire de l'ouragan Ivan pour nous permettre de voyager en sûreté selon nous.

Donc on part 2 adultes, 3 enfants avec seulement 3 sièges d'avion pour nous tous. Super belle idée !!!

Finalement on arrive à destination et il fait beau, c'est merveilleux. On est tous ensembles, mes idées de séparation sont rendu loin pas mal.

Jour 3 du voyage, les travailleurs s’affairent à tout ranger sur le complexe et un communiqué est glissé sous la porte de notre chambre. Il y a la formation de « Jeanne » une tempête tropicale risquant de se transformer en ouragan de force 1 à l'endroit où nous sommes.... oh !!!

Jeanne a effectivement frappé en force 1 à notre hôtel durant la nuit et le déjeuner du jour 4. On nous avait tous rassemblés dans l'immeuble prévu à cet effet. Ce n’était pas beau à voir. J’ai eu peur, je tenais mes enfants près de moi dans ce grand immeuble en béton. Il y avait déjà pas mal de dégât sur le site, des portes et des toits arrachés, de l’eau partout. Lorsque tout c'est finalement calmé, la traînée de l'ouragan a resté sur nous durant 2 jours apportant des pluies diluviennes épouvantables. Inondant les chambres et les escaliers.

Ce ne fût vraiment pas une belle expérience, mais le voyage nous a fait du bien malgré tout. Longtemps Magalie a associé sud et pluie, mais… nous avions vu du soleil et nous avons eu une pause loin de la maison en bordel, loin du travail, loin du vide, loin de tout.

Ian s’est blessé sérieusement à la rotule du genou dans l’escalier là-bas et il en a eu pour presque 2 mois arrêter de travaillé à notre retour. Ça aussi ce fût positif pour nous. Nous avons pu souffler un peu et apprendre à vivre en grande famille.


Extrait d'un chapitre: "Anniversaire"

Je prépare la fête de 3 ans de Magalie, c’est difficile…

J’ai tellement d’image de Sharly.

Il fait toujours beau aux anniversaires de Magalie. Il y a toujours un chaud soleil en plein milieu du ciel tout bleu. Je me dis au fond de moi que c’est comme un cadeau de Sharly pour sa sœur. En fait, je crois qu’il fait toujours beau à chacun de nos anniversaires. On est vraiment des privilégiés.

C’est spécial l’anniversaire de notre enfant, c’est comme si c’est aussi notre fête en même temps. Celui-ci a un peu de tristesse en bonus avec une nouvelle étape du deuil à franchir, mais c’est quand même une journée magique. Dès mon réveil je repense à tout ce qui c’est passé dans ma vie depuis la venue au monde de ma très chère tannante, et au chemin que nous avons parcouru ensemble depuis.

J’ai pas mal de pain sur la planche avec toute la marmaille pour ne pas trop me laissé aller dans la mélancolie. J’ai simplement profité du soleil et regarder ma fille souffler les bougies en disant merci. Un merci d’avoir permis à ce jour d’arriver dans la vie de Magalie. Un merci pour que la vie soit plus forte que la mort.

Je lui ai trouvé une chandelle avec un 3 sur une étoile accompagnée de deux autres étoiles. Je ne voulais pas avoir le même genre de chandelle que pour Sharly.

Cet officiel maintenant Magalie m’apporte vers l’inconnu, vers la vie… plus de référence, que du neuf.

Je crois que ça va nous faire du bien.

Extrait d'un chapitre: "Toutes des filles"

C’est quand même drôle d’avoir eu que des filles…

Je m’excuse chéri de ne pas t’avoir donné de garçon, j’aurais aimé, mais… j’avais besoin de ces filles là. J’avais besoin d’avoir d’autres filles à aimer, de connaître se lien privilégier entre mère et fille encore et encore…

Je suis sûr que ça ne rachètera pas la perte de Sharly, mais je crois que ça me fait du bien et que ça va m’en faire encore plus dans l’avenir.

Au départ quand j’ai eu Sharly, lorsque j’ai su que j’attendais une petite fille, j’ai été sous le choc. Une fille, je ne savais vraiment pas quoi en pensée. Voyez-vous j’ai jamais été la plus féminine des petites filles enfants, en fait j’étais plus tôt comme un garçon manqué. Je jouais avec des petits gars et les filles me tombaient sur les nerfs. Ça changé à l’adolescence évidemment, j’ai connu des bonnes amies, mais je n’ai jamais cadré dans les stéréotypes féminins. Étant devenue femme, je me maquille très rarement, souvent je me contente d’une queue de cheval et je suis prête. Quelques fois j’ai osé innover avec une coupe de cheveux qui m’obligeait à me coiffer... ‘’obliger’’ est bien le bon verbe à employer, lol.

D’avoir une première fille dans ma vie ce fût merveilleux. D’être confronté à la femme en moi était nécessaire. J’avais de besoin de vivre ça encore plus fort avec trois petits bouts de femme puisque moi je n’y suis pas complètement, surtout depuis... le décès.

Extrait d'un chapitre: "Attention j'arrive"

Le 1er jour de ma 40e semaine de grossesse une contraction m’a réveillé. Une heure et quarante-six minutes plus tard, Janie est née. J'avais le bébé dans les bras et je ne réalisais pas encore que tout était terminé. Une nouvelle jolie fille est maintenant dans notre vie avec des petits cheveux noirs tout frisés, c’est un bébé géant en plus.

Dans son berceau je lui ai mis un porcinet pour la protéger durant son sommeil. Mon petit clin d’œil à sa grande sœur une fois de plus.

J’avais rien commandé de spécial pour ce bébé là, juste un bébé, pas un super tannant, pas un super tranquille, un bébé tout simplement. Je peux vous dire que sa naissance n’était qu’un avant goût de sa personnalité. Un enfant qui sort aussi rapidement du ventre de sa mère n'aura rien pour l'arrêter dans la vie.

Janie a mis de la joie dans la maison, c’était un bon bébé facile et tellement drôle, un vrai petit clown. Un beau bébé gâté qui termine bien la famille.

Extrait d'un chapitre: "Ras le bol"

Nous sommes en février 2004, ma maison n'a plus qu'un demi-toit. Nous logeons chez mes parents pour 2 semaines durant la construction de notre super 2e étage.

Mon chum n'aime pas le changement, il angoisse lorsque notre routine est chamboulée. Moi je suis enceinte jusqu'aux oreilles, j'ai Magalie (2 ans ½) qui me donne du fil à retorde, Élodie (1 an) qui est douce et tranquille comme Sharly et Ian n'est pas du monde.

Donc, notre maison est en quarantaine, nous sommes chez mes parents à 1h de Montréal où nous travaillons tous les deux...

Nous sommes à bout et mon chum me décourage vraiment. J'en ai assez je veux le quitter et c'est décider dès que c'est possible je le quitte. De toute façon je l'ai déjà fait avec Sharly, je ne vois pas en quoi avec 3 enfants sur les bras ça serait plus difficile....

Mais oui, ça va être difficile je dois travailler, je dois nourrir les enfants et je ne peux pas vendre la maison comme ça sans toit. Donc, je n’ai pas trop le choix, je finis la maison, j'accouche, je finis mon congé de maternité et bang je pacte les petits et je m'en vais... ou bien je change les serrures, lol. Voilà une chose de réglé et maintenant je vais faire ce que j'ai à faire et finir cette maudite rénovation de merde.

Bon, nous étions donc logé chez mes parents à voyager matin et soir ensemble pour le travail durant la rénovation de notre maison, lever à 5h retour à 19h.... dure sur le système tout ca. Je crois que je suis verte en permanence à cette époque. Une visite de routine chez mon gynéco, il n'aime pas trop mon teint et mes cernes.

- "Bonsoir Genevierge " comme il s'amuse à m'appeler.

- " Hum, hum pas joli, joli... le col à décider de commencer le travail, madame vous êtes à 3 centimètres avec un effacement à 50%. Qu'est-ce qui ce passe dans votre vie ? À 5 mois de grossesse c'est pas bon tout ca, va falloir prendre du repos. "

Je crois que c'est à ce moment que j'ai dû pleurer....

‘’Qu’est-ce qui se passe dans ma vie ? ’’ me suis-je demandé à moi-même.

‘’ Tout !!! Je crois que la seule solution est de me séparer. Je n’ai plus de maison vivable. Le terrible two m’énerve. Je n’ai pas deux secondes pour réaliser que mon bébé bouge dans mon ventre et de voir que ma petite dernière grandi trop vite.’’ Tout ça déboule dans ma tête à toute vitesse.

Le docteur n’a pas eu droit aux grandes explications, que des larmes pour lui…

Ce qui ma valu un arrêt de travail forcé pour travail prématuré.

‘’ Merci mon Dieu ! ’’

Cet arrêt de travail nous a permis de souffler un peu et de calmer mon amoureux. Et oui, j’ai bien dit mon amoureux, parce que parfois lorsqu’on est fatiguée on est bien désespérée… ce qui était effectivement mon cas.

J'ai pu me consacrer aux enfants présents et à celui en devenir. Aider pour la rénovation avec modération évidemment.

Le toit s'est terminé, les murs se sont isolés et nous avons pu retourner chez nous. Avec une demi-cuisine, des planchers en press wood, le four dans la cuisine, le frigo dans la future chambre d'Élodie... et de la poussière de gypse partout !!!

Nous avons dormi au sous-sol durant 2 mois le temps que les travaux avancent un peu. On a commencé par le rez-de-chaussée: mettre le gypse sur les murs, les primer, faire les planchers, poser les portes et peinturer les chambres des deux filles...

Nous avions enfin 2 pièces de finies, wow !!! 3 en comptant la salle de bain intacte au départ. La seule et unique pièce non touchée par les rénovations.

C’est vraiment merveilleux d'avoir une chambre avec des murs peints, un plancher et une porte, du bonheur à l’état brut.

Donc, ayant fini les chambres des filles nous avons avancé le plancher du salon pouvoir sortir de notre sous-sol enfin et y mettre notre lit. Après 2 mois à dormir dans la noirceur complète au sous-sol enterré sous les boîtes et les meubles. C’est avec bonheur qu’on a dormi en plein salon à côté de la grande fenêtre sans rideau.

Bref, nous n’avons tranquillement pas vite à coup de travail tard le soir et de fins de semaines éprouvantes rendus la maison vivable avec une chambre pour nous au 2e, tout juste à côté de celle de bébé. Nous n’avions toujours pas de porte à notre chambre, mais… un plancher et des murs peints. Chacun avait sa place et nous devions préparer la venue du 3e bébé.

En mai, nous avons donc tout arrêté pour prendre une pause et se reposer un peu. La maison était loin d’être finie, mais nous en avions ras le bol comme on dit.

Extrait d'un chapitre: "1er anniversaire"

Ça fait 1 an maintenant que ma vie n'a plus de sens.

Il fait gris aujourd'hui.

Cette journée ne représente rien pour Sharly.

Sa mort ce n'est pas sa vie.

J'ai quand même pris ma journée, car j'ai beaucoup de peine.

Ma maman a fait chanter une messe...

Je suis allée à l'église pour ma mère. Je crois que ça lui a fait plaisir et j'étais contente de faire ça pour elle. Ma mère aime bien les églises.

J'ai bien aimé voir le nom de ma fille dans le feuillet paroissiale, mais je n'ai pas vraiment vu de différence à la messe. Une simple phrase à la fin seulement. Ça m’a déçu. Ce n’était pas à la hauteur de ma peine.

Il est inutile de souligner plus en profondeur cette journée. L’anniversaire du décès, ce n’est pas un ‘’bon anniversaire’’.

Extrait d'un chapitre: "Gratitude"

Sharly tu as été un magnifique cadeau dans ma vie. Je te remercie d’avoir fait briller le soleil autour de moi. Je ne sais toujours pas ce que tu es venu chercher et pourquoi ton chemin a été si court, mais merci de m’avoir choisi pour le partager avec toi. Ta vie courte ma remplis de bonheur ma grande et notre chemin ensemble n’est pas fini. Et si je peux me permettre je t’informe qu’aussi longtemps que le soleil réchauffera ma joue je penserais à toi. Peut m’importe que tu sois à mes côtés, à veiller sur ton Ian, avec tes sœurs ou à aider des purs étrangers, tu es dans mon cœur pour l’éternité.

Merci la vie ! Merci de m’avoir offert un ange merveilleux !

Je suis forte, je suis belle et aujourd’hui je suis à l’image de la vie avec mes forces et faiblesses. Je suis ce que je suis et tu es ce que tu es. Merci de m’avoir donné tout ce que j’ai eu de besoin pour être rendu où je suis.

Je t’aime ma grande et crois moi qu’un jour là haut on se fera un énorme câlin qui durera une éternité.

Et d’ici là je vais vivre la vie à fond comme par une belle journée ensoleillée. Parce que le soleil est partout, peut importe l’heure de la journée, peut importe la température il est toujours là comme toi dans mon cœur.

Je t'aime...

Maman

xoxoxo


Rush et petite pause

Salut chers lecteurs,

Je voulais simplement vous dire que je ne vous oublie pas...

C'est la rencontre du rush de mi-session à l'université et du nouveau contrat au boulot qui chamboule mes horaires. Je manque un peu de temps....

Donc, je vais espacer mes "posts" un peu

xxx

Extrait d'un chapitre: "Deuil"

Un certain dimanche en revenant du cimetière Magalie s’est mise à me poser bien des questions sur la mort, sur Sharly… vraiment beaucoup de questions.

Entre deux questions j’ai osé lui demandé si elle aimerait voir un petit film de sa grande sœur. Ses yeux se sont émerveillés et elle m’a dit :

‘’ ah oui maman je veux la voir ‘’

Il y a quelques photos de Sharly dans la maison et au moins une chez chaque membre de notre famille élargie. Les enfants ont bien vu son image et elles se sont fait une représentation personnelle de leur grande sœur. Sujet que je laisse totalement libre à mes filles. Il est évident que nous allons régulièrement au cimetière et quelques fois je les entends dire que Sharly demeurent au château (l’église). Ce qui me fait sourire, ah les princesses. Je leur réponds qu’elle est surtout dans leur cœur.

Donc, nous nous retrouvons à la maison et je sors la cassette des trois minis films que j’ai de Sharly. Il y en a un alors qu’elle était bébé à la fête de mon filleul, elle a environ 3 mois. Le deuxième c’est à pâques, elle a presque qu’un an et elle est chez ma mère pour la journée et joue avec les poupées qui sont encore chez leur grand-maman aujourd’hui. Le dernier c’est à sa fête de deux ans, c’est le seul film où on l’entend parler un peu. Elle a toujours été très gênée.

Ce film me touche beaucoup, mais je reste discrète pour ma fille.

Magalie a vu dans ce film sa sœur, mes également son cousin et ses deux cousines, elle m’a vu moi, elle a vu Ian. Je crois que ce fût le déclic dans sa tête l’élément qui lui manquait pour comprendre que Sharly n’était pas juste une image dans un cadre. Elle a existé pour de vrai.

De voir Sharly vivante ça lui a fait vivre de la colère, de l’injustice et de la peine, beaucoup de peine. Elle était choqué de ne pas pouvoir jouer avec elle, de ne pas la connaître. Magalie a pleuré beaucoup et elle a entamé un deuil. Ce fût une expérience vraiment troublante pour Ian et moi. Ce deuil c’est étiré dans le temps et j’ai encouragé Magalie à le vivre pleinement peu importe nos préjugés, car sa peine était vraiment sincère. Ian a eu plus de difficulté que moi, lui était un peu choqué de tout ça. Moi j’étais impuissante et émue, terriblement émue de voir ma fille pleurer sa sœur qui était déjà au ciel bien avant sa naissance.

Suis-je une mère égoïste et méchante de voir mon enfant pleurer et d’en retirer du bonheur, parce que ma première fille décédée vie un peu dans les larmes de Magalie.

Que je sois égoïste ou non, sa peine était réelle et je ne pouvais rien n’y faire. De toute façon j’avais porté cette peine également durant sa grossesse, peut-être qu’elle était encré en elle.

Lorsque sa peine s’est calmée et que son acceptation fût un peu faite elle avait tissé un lien privilégier avec sa sœur ce qui ne pouvait être que positif.

Extrait d'un chapitre: "7 ans"

Ce matin le soleil s’est levé pour le 7e anniversaire de Sharly…

Je suis en congé de maternité. Nous nous sommes rendus tous les 4 sur sa pierre tombale, j’ai allumé un numéro 7, je lui ai apporté des fleurs… une pour chaque membre de la famille.

Magalie a collé plein de collant sur la tombe, un peu n’importe où, mais c’est très joli. Je lui ai remis une feuille pour elle.

Nous lui avons chanté bonne fête. Cette petite chanson me rend heureuse. Je suis contente de lui faire ce moment d’anniversaire avec nous tous, que Magalie ait chantée avec moi, même Ian a chantonné un peu. Ça me touche de voir que mes filles vont sûrement lui faire une place dans leurs cœurs elles aussi.

C’est tranquille au cimetière et il fait beau.

‘’ Je t’aime ma grande, je m’ennuie de toi…’’

Qu’est-ce que tu serais devenue, à quoi tu ressemblerais à 7 ans… c’est difficile d’imaginer.

Maman te revois encore partir ce matin là avec ton sac à dos rouge et ta petite chaudière verte. Tu avais le sourire, tu étais tellement contente. Pourquoi n’as-tu pas 7 ans aujourd’hui pour de vrai… J’aimerais tant te faire un gros câlin, sentir tes cheveux sur ma joue. T’entendre me raconter ta journée d’école… Te préparer une petite fête avec tes amies.

‘’ Qu’aurais-tu souhaité avoir pour tes 7 ans ? ‘’

Je ne le sais même pas !

Je suis ta mère et je ne le sais même pas ce que tu aurais aimé, quel serait tes goûts aujourd’hui. Comment aurais été ta chambre, quelles couleurs aurais-tu préférées !!!

Je ne pleure pas, je ferme simplement les yeux et je laisse le soleil venir réchauffer ma peau. Comme si Sharly pouvait venir m’embrasser sur la joue.

‘’ Bon anniversaire ma grande, je t’aime. ’’

Extrait d'un chapitre: "8 ans"

Ce matin le soleil s’est levé pour le 8e anniversaire de Sharly…

Nous nous sommes rendus sur sa pierre tombale, j’ai allumé un numéro 8, je lui ai apporté des fleurs…et un ballon. J’avais envie d’innover cette année.

Nous lui avons chanté bonne fête avec plus de voix. Nous étions 4 à chanter. Ça commence à ressembler à une vraie réunion de famille. C’est agréable cette tradition.

J’ai laissé les filles s’amuser à coller plein de collant sur la tombe, ça me fait sourire de les voir.

Je sens cette petite vie en moi, je regarde mes deux doudounes bien vivantes et je suis au pied de la tombe de ma plus grande. Je regarde la vie au pied de la mort…

Bonheur et tristesse.

Une chance que j’ai le soleil pour me réchauffer le cœur un peu. J’aimerais ravoir ma naïveté, croire que ça n’arrive qu’aux autres. Que mes enfants vont vivre vieux, heureux et en santé. Qu’ils vont m’enterrer un jour et plus jamais le contraire.

Magalie est maintenant plus vieille que Sharly ne l’a jamais été.

C’est difficile de mettre des mots, chaque anniversaire c’est la même tristesse, la même peine, le même vide. Le temps passe et elle me manque toujours. Je ne comprends toujours pas pourquoi elle n’est plus là.

Ma vie a repris son fil, mais moi je n’y suis qu’à moitié.

‘’ Je t’aime ma grande, bon anniversaire, je m’ennuie de toi.’’

Extrait d'un chapitre: "Une vie qui grandit"

Ma grossesse était belle et pas super en même temps. En fait, je n'ai pas trop profité de mon état. Comme c'était ma 4e grossesse, j'avais un peu fait le tour de la question, j'avais surtout hâte d'avoir mon petit bébé entre les bras et de savoir si c'est une fille ou un garçon. Et j'en avais vraiment ras le bol de me faire dire que j'étais dont grosse et que je devais sûrement accoucher dans les jours qui viennent alors que je n’avais pas encore 6 mois de fait.

Mais au moins elle était vraiment désirée cette petite vie. Les autres aussi l’était, mais il y avait quelque chose de plus pour ce bébé. Une paix à l’intérieur de moi. Un genre de bonheur, une certitude… moins de doute, moins de peur. C’est comme ci je pouvais peut-être reprendre une vie, ma vie.

‘’ Peut-être que oui…’’

‘’ Non, je ne crois pas. Non, je ne veux pas. ‘’

Extrait d'un chapitre: "Trop petite"

Je ne sais pas si vous vous rappeler pourquoi nous avions choisi cette maison où nous vivions. Une maison tout près du cimetière dans un joli quartier, mais… C’était une maison de célibataire, une maison juste assez petite pour être certain de ne pas avoir d’enfant. Un petit 4 ½ avec un sous-sol…

Il y a une chambre des maîtres et une 2e chambre relativement étroite où dorment déjà Magalie et Élodie. Je suis enceinte... où va-t-on mettre ce bébé ? Magalie est trop peureuse pour descendre en bas. Élodie est trop petite, je la garde près de moi.

Pourquoi c’est juste maintenant qu’on pense à ce détail. Je ne veux pas déménager. Depuis les marguerites je sais que notre place est ici. De toute façon les maisons sont rendues bien trop chères et une maison à 4 chambres dans le coin, il n’y en a pas des tonnes et les seules qu’il y a ne sont pas dans notre gamme de prix.

Une idée a tranquillement fait son chemin dans notre tête… très tranquillement. Après tout mes parents ont dû faire la même chose lorsque je suis arrivée dans leur vie.

On devrait agrandir la maison.

Mon chum n’est pas bricoleur pour 5 cents. Et franchement je ne m’y connais pas non plus. J’ai essayé de faire des plans sur ordi… rien à faire on n’y arrive pas.

Et puis un beau jour, alors que je patientais en file à l’épicerie, je vois une photo de notre maison sur un magasine de rénovation. Ce n’était pas notre maison évidemment, mais elle était pareil, la même brique rose en plus ! Juste à côté il y a la photo après rénovation.

‘’Wow, c’est beau !!! Ils ont fait un 2e étage sur la partie la plus basse !!! ‘’

J’achète la revue.

C’était la réponse à nos questions, il y avait même des contacts de conseillés et des références pour les plans sur mesure. Nous avions tout.

Le projet était lancé et go nous étions partis. Le permis de la ville, le prêt à la banque tout a passé. La rénovation va commencer en février prochain et tout sera prêt pour l’arrivé du bébé en juin.

‘’ Chéri, le timming est génial !! ‘’

L’entrepreneur va faire les murs extérieurs finis, le toit, les divisions, et nous on va faire le gypse, les joints, les planchers, les moulures et la peinture nous-mêmes.

‘’ Ça va être super ! ’’


Extrait d'un chapitre: "Encore l'Halloween"

Magalie a maintenant 2 ans, Élodie a quelques mois et je suis enceinte… J’ai acheté un manteau de coccinelle pour Élodie et Magalie tenait à remettre son costume de lion.

Nous n’avons pas vraiment décorée la maison à peine un peu plus que l’an passé. Mais on a décoré une citrouille les trois filles ensembles. Il y a eu de la glu de citrouille partout dans la cuisine, sur les filles…partout.

Nous avons passé faire le tour de quelques maisons…

Cette fête me fait toujours de la peine…

Me promener dans le quartier avec les maisons décorées… j’ai des souvenir qui reviennent à moi. Magalie est à peine plus jeune que Sharly à son dernier Halloween. Je me permets d’être nostalgique et de sourire pour Magalie en même temps.

Mes filles sont belles à voir. Magalie fait sa grande en se promenant de porte en porte, elle n’est pas timide et surtout très enthousiaste. Élodie est tranquille dans son carrosse et papa l’apporte dans ces bras aux maisons. Je suis fière de mes filles. Je suis contente de les avoir dans ma vie. Elles vont me mettre un peu de bonheur dans cette fête toujours si triste pour moi. C’est ça la vie, c’est plus fort que tout. La vie me pousse en avant.

Extrait d'un chapitre: "3 petits points..."

Nous sommes en été, Élodie a 6 mois, Magalie va avoir 2 ans et je souhaite avoir encore un autre enfant. Je n’ai pas d’identité à retrouver, ma coupure s’est faite avec Magalie, mes souvenirs se sont vécus avec Élodie. J’ai besoin d’un bébé de plus, un bébé comme normalement j’en aurais eu, sans référence aucune. Un bébé qui ne me soignerait rien, juste un bébé pour le simple plaisir de donner la vie à un petit être humain.

J’en avais quand même plein les bras avec Magalie et je croyais sincèrement que l'idée me passerait un peu, donc j'ai attendu avant d'en parler à Ian. Je gardais le secret sur mes envies de maternité.

Mais… elle n’était tellement pas de trouble comme bébé, ma toute douce Élodie, j'avais du temps pour retourner la question de tous les côtés.

Chose surprenante pour moi, je gardais toujours le secret, et en plus mon idée demeurait.

Et pour être honnête, je croyais qu'il ne serait pas d'accord. Moi j'ai toujours voulu 3 enfants du plus loin que je me souvienne, alors que Ian en voulait 2. C'était parfait, car moi j'avais Sharly et on en ferait 2 ensembles.... comme ça moi j'en aurais 3 et lui 2. La vie a un peu bousculé mes plans. J'ai 2 enfants vivants et en santé et j'ai Sharly au ciel, mais ca manque j'en veux un autre, une famille 2 adultes 2 enfants, je ne trouve pas que c'est assez. 3 enfants c'est mieux, ils ne sont pas obliger de s'accorder toujours ensemble, on a toujours un autre frère ou sœur avec qui jouer si ca marche plus avec l'autre. Ça fait maintenant un mois que l'idée me trotte dans la tête et go je me décide j’affronte Ian.

" Chéri que dirais-tu d'un 3e enfant ? "

Je crois que s'il n'aurait pas voulu, j'aurais triché et fait le tout dans son dos.

Il a souri et dit oui sans hésitation.

On a conçu le bébé à ce moment là. Pas de revenez-y. Ça te tente chérie, moi aussi, et go je suis enceinte ! Je m'excuse pour ceux qui ont de la difficulté, mais ça vraiment pas été notre cas, en fait je crois que Sharly nous donnait un coup de main en haut pour nous trouvez des petits cœurs à aimer au plus vite.

Les pleurs

Je suis dans la catégorie des gens sensibles. Je pleurs facilement. Je suis très connectée avec mon émotionnel et je ne m'en cache pas. Je suis une fille intense d'instincts et de sentiments. Pourtant, je ne crois pas que c'est ce qui saute aux yeux lorsqu'on me rencontre la première fois, ni même la centième fois.

Je ne pleurs pas pour rien ou de façon abusive. Je pleurs simplement lorsque j'ai de la peine. Parfois c'est juste des yeux pleins d'eau et d'autre fois c'est avec force et rage.

Pour survivre au deuil de ma fille j'ai dû accepter de pleurer et pleurer encore. Parce que ça a fait mal, atrocement MAL!!!

Au fil du temps mes larmes sont devenues mon jardin secret, juste à moi.

Parce que les gens oublient...

Non, c'est pas vrai. Ils n'oublient pas, mais ils ne veulent pas se rappeler, ils ne veulent pas me blesser ou plus malheureux encore ils ne veulent pas se blesser eux-mêmes.

Pourquoi, est-ce mal de pleurer ? 

Je ne pleurs pas parce que je refuse la vie. Je ne pleurs pas parce que je m'apitoie sur mon sort. Je pleurs parce que ÇA FAIT MAL en dedans de moi. Je pleurs parce que mes valeurs les plus profondes ont été ébranlée voir effondrée. Je pleurs parce que je sais que moi je vis. Je pleurs parce que je sais que je vais continuer à vivre encore longtemps.... Je pleurs parce qu'elle ne reviendra pas.

C'est correct de pleurer. Il ne faut pas avoir honte. Peu importe le temps qui a passé.

Il n'y a pas de temps défini pour pleurer et pour ne plus pleurer. On est tous différents et on a tous nos émotions. On a chacun son rythme et il faut se donner le droit d'être des humains qui ont du coeur au ventre.

Je ne me suis jamais privée de pleurer, et je l'ai même recherché parfois comme j'en parle un peu dans la peine. À plusieurs occasions, souvent lorsque j'étais seule à la maison où en auto pour me rendre au travail j'ai crié le saule ou je dois vivre pour ne citer que celle-là. Parce que les chansons c'est des beaux outils pour se libérer des noeuds de peine en dedans.

Dans ma fable (Un papillon, une coccinelle et un singe) je fais un petit lien sur l'eau et la vie. Je crois sincèrement que l'eau c'est l'origine de la vie. Et comme la nature a besoin d'eau pour vivre, les humains ont besoins des larmes pour faire naître la vie en eux.

Regardez vos plantes oubliées dessécher dans un petit coin... elles sont toutes ternes, toutes molles, toutes flasques. Lorsqu'on leurs donne de l'eau, qu'on les tourne vers le soleil, qu'on leurs fait jouer une petite chanson ou qu'on leurs donne de l'affection. C'est comme si elle n'avait jamais dessécher, jamais ternis, elle redeviennent toute verte et magnifique. Elle se redresse fièrement toujours plus forte.

Ne devenez pas comme ces plantes vertes qui meurent seulent dans leur coin. Osez pleurer votre peine pour vous garder en vie, garder votre souplesse et votre vigueur. Prennez soin de vous si vous êtes triste parce que vous avez le droit, c'est humain.

C'est ce que j'ai fait et aujourd'hui je vis sainement et mon deuil va bien. J'ai une belle relation spirituelle avec ma fille au ciel, mes filles connaissent leur soeur et je vous partage tout ceci avec une paix intérieure.

Puissiez vous trouvez cette paix et Merci d'être là

xxx






Extrait d'un chapitre: "Mario Pelchat"

Des amis ont gagnés des billets pour aller voir Mario Pelchat et nous en ont offert à Ian et moi. On vient d’aller voir son spectacle dernièrement, mais il n’a pas chanté ma chanson…

J’ai besoin qu’il la chante ce soir.

Il a une façon tellement particulière de chanter, c’est magnifique, son âme est nu, il livre toute son émotion.

Il a perdu sa sœur lorsqu’il était plus jeune et a vécu le drame au travers ses yeux d’enfant et a vu aussi ce même drame dans le cœur de ses parents. Il en a fait une chanson absolument merveilleuse et j’aimerais tellement l’entendre et le voir chanter celle-ci.

Nous sommes à la 10e rangée environ, je ne suis plus certaine, il commence à rencontrer en quelques phrases à peine le drame de sa famille. Je pleure et je pleure fort... les premières mesures commencent.

« Je dois vivre »

Juste le titre est révélateur. Il faut vivre… on ne veut pas, mais c’est notre devoir. Ma vie a continué pareil, je ne le voulais pas.

« Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu, ou qu’est-ce que je n’ai pas fait, pour qu’on m’arrache des yeux le fils en qui j’espérais »

Pourquoi moi, pourquoi ma fille, encore et encore toujours la même question. J’ai accepté, mais je n’ai pas encore compris.

« C’est sans issue, je dois vivre »

Et c’est ce que je suis entrain de faire, je suis entrain d’y survivre !!! C’est enrageant, c’est injuste, je ne l’ai pas voulu. Mon Dieu que je ne le voulais pas y survivre… Je dois le faire.

« J’ai l’âme à la dérive, on a brisé mes entrailles »

Je me sens comme un grand canyon, comme si j’avais une énorme cicatrice qui me coupait en deux et que l’espace est trop large, trop brisé pour être recollé. Jamais je ne guérirais.

« C’est un môme qu’on enterre, un souffle qui ne saura jamais ce qu’est l’amour »

La vie c’est arrêter, notre vie s’est arrêtée le 8 novembre 1998. Elle ne grandit plus, elle n’ira jamais à l’école, elle n’aura jamais de peine d’amour, elle n’aura jamais d’enfant dans son ventre… Ma fille n’a vécu qu’un souffle de vie c’est injuste.

« J’accepterais vos paroles pour me voler un sourire, mais c’est plus tôt votre épaule qui saurais mieux me guérir »

Dans la chanson on entend la résignation… la vie qui se poursuit, comme elle doit le faire et la fatalité de devoir encore avancer... sans elle.

« Comprenez vous ma douleur, le sort auquel on me livre, car c’est ma chair que je pleure »

J’aimerais le crier haut et fort, ca fait mal, ca fait encore mal et ca va toujours faire mal. Je me sens seule avec tout ca, parce que même moi je ne le comprends pas toujours, je ne l’écoute pas tout le temps. Parce que ma vie CONTINUE toujours.

« Un ange au ciel, mais à regret des yeux qui ne verront plus poindre de le jour »

Quels yeux en plus, des yeux couleur soleil, qui… sont fermés à tout jamais.

« Et puis désormais j’aurais comme tant d’autre à m’y faire, accumulée les années, accumulée les prières, mon espérance à du prix et ma raison me délivre »

C’est ce qui me peine là, maintenant. Le temps qui passe, ma vie qui reprend un sens contre ma volonté, mais de mon pleins gré pareil.

« Quand j’aurais atteint l’heure du dernier soupir […] aurais-je un ange pour me soutenir, aurais-je ces yeux là pour m’accueillir »

Mon Dieu, s’il vous plait !!!

C’est ce qui me déculpabilise à avancer, juste l’idée de la revoir un jour, de la serrer dans mes bras et plus jamais la perdre.

« Aurais-je ces yeux là pour m’accueillir »

Il ne le répète pas dans la chanson, mais moi je la remets juste pour l’entendre encore et encore, c’est mon espoir à moi. Revoir ses magnifiques yeux bleus.

Merci Mario et mes sympathies à toute ta famille qui a vécu ce drame. De ne pas se sentir seul, de voir que la vie a continué pour d’autre famille, j’en ai de besoin, Merci.





Pour l'entendre ou Pour l'acheter s'il vous plait ne piratez pas et payez vos droits d'auteurs.


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